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Compteurs Linky : démêler le vrai du faux

Compteurs Linky : démêler le vrai du faux

Depuis que les premières installations de compteurs Linky ont débuté fin 2015 pour tendre vers une généralisation à l’horizon 2021, la grogne ne cesse de s’amplifier à l’encontre de ce compteur qui doit mesurer nos consommations d’électricité et transmettre les données en temps réel via Internet à notre fournisseur d’électricité. Bien des reproches sont faits à ce compteur, mais avant de les examiner en détail, revenons sur l’histoire de ce compteur.

Des choix politiques à l’origine de Linky

Le 13 juillet 2009, la directive européenne 2009/72/CE était publiée : elle incitait les Etats européens à prévoir le déploiement de compteurs permettant aux citoyens de connaitre leur consommation en temps réel afin de pouvoir la diminuer pour faire des économies et permettre une meilleure gestion de la demande nationale en électricité. Elle n’a jamais imposé les compteurs Linky. En France, le décret n°2010-1022 du 31 août 2010, a rendu obligatoire la mise en œuvre de compteurs communicants par le gestionnaire du réseau d’électricité, Enedis. L’Etat français a choisi le modèle de compteur que lui présentait Enedis, à savoir Linky.

Les fonctionnalités des futurs compteurs électriques intelligents Linky ont été définies dans un arrêté du 10 janvier 2012 : mesurer et transmettre la consommation d'électricité à distance et en temps réel. Puis, la loi de transition énergétique de 2015 a prévu la généralisation des compteurs communicants Linky : c’est ainsi qu’entre 2015 et 2021, 35 millions de compteurs devront donc être remplacés par des compteurs Linky, en France.

Ces compteurs intelligents ne font pas l'unanimité en Europe : la Belgique, la République Tchèque, la Lituanie, la Lettonie, la Slovaquie, le Portugal, la Slovénie et l’Allemagne ont renoncé au déploiement ou opté pour un déploiement partiel de ces compteurs.

Les craintes et les risques liés au compteur Linky

Les arguments que mettent en avant les opposants sont multiples, parmi lesquels :

Le passage en force des installateurs

Il faut savoir que les compteurs électriques n’appartiennent pas au propriétaire du logement mais aux communes qui ont confié leur gestion à Enedis par délégation de service public. Par conséquent, si le compteur est en extérieur ou dans les parties communes d’un immeuble, l’installateur est en droit d’intervenir, mais si le compteur est situé à l’intérieur de votre habitation, il ne peut entrer sur votre propriété privée sans votre consentement.

Les dysfonctionnements du compteur

Non seulement il a été constaté des incendies de compteur suite à leur installation qu’Enedis explique par des câbles mal serrés mais cela serait rentré dans l’ordre avec une meilleure formation des sous-traitants chargés des installations… En outre, il est reproché au nouveau compteur de disjoncter fréquemment dans le but de souscrire un abonnement plus coûteux offrant une puissance supérieure. Rien n’est à écarter à ce sujet bien qu’il soit avancé que les anciens compteurs seraient moins sensibles aux problèmes de circuits électriques et donc plus dangereux…

Une collecte de données confidentielles sur les habitudes de consommation

Enedis s’en défend indiquant que toutes les données sont cryptées et que l’enregistrement ainsi que la diffusion de ces données ne peut pas se faire sans l’accord du client. Or, si cette courbe de charge (consommation en temps réel) n’est pas enregistrée et exploitée, l’intérêt premier de Linky disparait (maitrise de la consommation par le client et ajustement de l’offre et de la demande en électricité pour le fournisseur).

Une pollution électro-magnétique

Le compteur Linky serait à l'origine d'une pollution électro-magnétique entrainant des palpitations, des acouphènes, des migraines chez les personnes électro-sensibles : une seule et unique étude a été menée par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) confirmant que les niveaux d’exposition étaient plus faibles que ceux d’un baby-phone ou d’un radio-réveil ; certes pas de quoi s’inquiéter mais le principe de précaution pourrait amener à s’interroger davantage.

L’interventionnisme du fournisseur d’électricité

Les fournisseurs d’électricité rivalisent d’inventivité pour proposer des tarifs adaptés aux consommations des foyers : cependant, ils sont parfois plus chers que les offres actuelles même si le but est de faire consommer l’électricité lorsque la demande est la plus faible et inversement. En outre, le fournisseur peut même couper, à distance chez vous, le chauffage ou la climatisation quelques minutes toutes les heures, afin de limiter les pics de consommation !

Peut-on s’opposer au compteur Linky ?

Aujourd’hui, entre 600 et 700 communes ont pris des arrêtés anti-Linky pour interdire le remplacement des compteurs sur leur commune, mais le Tribunal Administratif a toujours fini par suspendre les arrêtés ou les juger illégaux. Alors les communes finissent par négocier avec Enedis pour obtenir que le gestionnaire du réseau accepte que les récalcitrants échappent à la pose de Linky.

Si votre compteur est à l’intérieur de votre propriété, que vous refusez l’installation du nouveau compteur Linky jusqu’en 2021, le flou demeure sur ce qui vous attend après : une facturation de la relève annuelle minimum de votre compteur puisqu’elle nécessitera le déplacement d’un agent ? C’est ce que laisse entendre Enedis dans ses courriers de relance. Mais comme Enedis est gestionnaire de ce compteur, si vous lui refusez l’accès, Enedis peut finir par supprimer son raccord au réseau donc vous couper l’électricité, si on pousse l’interprétation jusqu’au bout.

Finalement, pour que ce nouveau compteur puisse être vraiment utile au consommateur et qu’il lui permette de faire des économies sur sa facture, il faudrait qu’il ait accès à l’analyse de sa courbe de charge montrant quel appareil fonctionne à quel moment en consommant combien, sauf que cela implique de vendre les données à des entreprises gérant ces applications. Alors, comme l’a dénoncé la Cour des Comptes le 7 février 2018, un coût de 5,7 milliards d’euros uniquement pour relever des compteurs à distance sans déplacement d’agents, ça fait cher pour le consommateur qui finira par payer cette somme sur la ligne "Contribution Tarifaire d'Acheminement d'Electricité" (CTAE) de sa facture pendant 10 ans…

Par Nathalie Guellier - Publié le 15/10/2018

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